Le métier d’enseignant ou d’éducateur est une vocation. Il requiert une formation adaptée et un apprentissage comme dans tous les métiers. Pourquoi tant d’enseignants aujourd’hui perdent-ils pied et comment chacun d’eux peut-il faire face à la dépression ?
État des lieux
De nombreux pays ont mené l’enquête et les résultats sont semblables : Dans tous les pays industrialisés, les éducateurs et les professeurs sont sujets à la dépression. L’étude de 2021 à Baltimore révèle que la prévalence de l’anxiété, de la dépression et du stress est élevée chez les enseignants et particulièrement pendant la pandémie. Bien que les résultats varient selon les pays et les situations, on a une plus grande fréquence de survenue dans l’étude espagnole. Les résultats montrent la nécessité de prendre des mesures pour la prise en charge de la santé mentale des enseignants.
Les signes de la dépression et leurs causes
Les professeurs sont fatigués. Ils sont débordés par les exigences excessives de leur hiérarchie comme les tâches administratives hors de leur champ d’enseignement, les prises en charge individuelle attribuées, les heures supplémentaires pour se former sur de nouveaux outils ou de nouvelles plateformes numériques. Ils sont fatigués par l’indiscipline grandissante des élèves et le manque de mesures adaptées. Ils se plaignent de n’avoir plus de temps pour eux.
Dominique par exemple pointe : « Un manque d’accompagnement dans ma pratique. Comment passer de savoirs universitaires généraux et littéraires à une pratique pédagogique cohérente, adaptée, différenciée, etc. sans l’apprendre véritablement !!
… le salaire est peu conséquent, et ce même après plus de 20 ans à travailler dans le corps professoral ; les attentes sont souvent très élevées, les programmes chargés et le temps imparti relativement court. Il faut de plus compter la difficulté de se faire respecter par les élèves, d’être écouté, d’être suffisamment autoritaire… pas facile ! Quant aux motivations internes, elles peuvent suffire mais elles peuvent aussi céder face au découragement du professeur. »
Elisabeth, enseignante, témoigne que beaucoup n’ont pas la vocation pour ce métier astreignant et qu’il est difficile de demander une reconversion. De plus, il n’est pas facile de trouver un interlocuteur qui puisse aider à changer la situation !
Quelles sont les conséquences du burnout ?
Cela les mène à la dépression profonde. Ils se découragent, cessent de croire en eux et parfois se suicident. Les élèves, sont livrés à eux-mêmes, surtout ceux qui sont en difficulté car le professeur, s’il est là physiquement, est de plus en plus absent d’esprit.
Que faire ?
Le bien-être au travail est essentiel dans toutes les professions.
Chercher les causes
Pour un professeur, le premier pas lorsqu’il sent une baisse de sa motivation est d’en rechercher les causes. Il doit profiter d’une pause de 3 jours pour faire précisément le point sur son métier, sur ses attentes et les conditions de travail requises pour qu’il se sente bien et puisse l’exercer pleinement.
Qu’est-ce qui me rend mal à l’aise ? La relation avec l’élève ? La charge de travail ? Certaines tâches qui entravent mon dynamisme ? Le manque de formation sur le terrain ? Un problème de santé dont je n’ose pas parler ? Et enfin, suis-je vraiment fait pour ce métier ?
Une fois le constat réalisé, il prendra les moyens pour améliorer la situation.
Parler à sa hiérarchie
Parler à son supérieur hiérarchique n’est pas toujours évident. Mais on peut toujours lui représenter qu’un aménagement de votre temps et des conditions de travail permettraient d’être plus efficace.
Se faire aider par un collègue ou une autre connaissance dans la hiérarchie peut être un bon plan pour obtenir un entretien au bon moment.
Le fait d’être à son rythme peut permettre à l’enseignant de respirer, ou prendre un temps de pleine conscience dans la journée pour apprendre à maîtriser les émotions et les évènements de sa vie.
Trouver de l’aide dans sa pratique
Le professeur a besoin d’une entière liberté pour élaborer son enseignement et l’adapter à chaque classe et à chaque élève. Il a besoin de maîtriser sa pratique, on ne peut pas lui imposer des carcans qui l’empêchent de la réaliser. Les directives de l’Education nationale lui imposent de finir vite ce programme de cours qui a été déjà perturbé par tant d’évènements ou d’ajouts durant l’année, alors qu’il n’a même pas eu le temps de donner les fondamentaux de méthode ! Désormais, c’est la course contre la montre et paradoxalement, les élèves décrochent ou ne viennent plus en cours car il ressentent cette perte de motivation de la part de leur professeur qui auparavant était attentif à leur évolution pédagogique.
Il faudrait être absolument génial (un surhumain disons) pour pouvoir dispenser le programme avec enthousiasme et arriver à tout faire ! Il faudrait néanmoins que chacun puisse garder la maîtrise sur son propre enseignement et le suivi des élèves à son propre rythme.
En plus des discussions avec les collègues, Il cherchera surtout un ancien dans le métier qui soit sage et expérimenté et à qui il puisse parler librement. Celui-ci pourra l’évaluer ou l’aider de ses conseils de manière continue et tout le temps qu’il en aura besoin ;
Prendre soin de sa santé
La santé personnelle est une clé de la réussite. Si un problème de santé s’est ajouté à ses difficultés d’enseignement, l’enseignant ira en consultation pour en connaître la nature exacte et obtiendra le temps nécessaire pour s’en occuper.
Le bien-être est différent pour chacun. Une personne se sentira bien en lisant, tandis que pour une autre, jouer de la musique lui fait du bien. Pour un troisième, ce n’est que dans le sommeil qu’il se détend, un autre s’investira dans un club de sport ou une cause sociale parce que c’est cela qui est important pour lui.
Enfin, il veillera à conserver une vie sociale normale en dehors de l’école. Les amis sont importants et la relation avec eux est un élément crucial de la santé personnelle et sociale.
Tout problème a une solution. Si la personne a baissé les bras, les collègues doivent être attentifs pour l’aider et la soutenir, même devant sa hiérarchie, jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée et qu’elle retrouve son équilibre.
Veillons les uns sur les autres !