Baudelaire découvre et traduit Edgar Allan Poe
En 1854 Baudelaire découvre Edgar Poe, l’un des principaux représentant du romantisme américain. Son ami Asselineau le dira : « Dès les premières lectures, il s’enflamma d’admi-ration pour ce génie inconnu… J’ai vu peu de possessions aussi complètes, aussi rapides, aussi absolues » et encore. Cette affection provenait très certainement du sentiment
d’une fraternité artistique et de la conviction que Poe était son alter ego.
Il deviendra le révélateur du poète pour le monde entier à tel point que la gloire de Poe rejaillit sur son traducteur jusqu’à aujourd’hui. Car, non seulement il est considéré comme l’un des plus grands poètes, mais aussi comme l’un des plus grands traducteurs du XIXe siècle. Il a donné à l’œuvre de Poe un sens particulier par la lecture qu’il en a faite.
Phénomène étonnant : les deux langues s’enrichissent lors de la traduction
La richesse propre à chaque langue enrichit l’esprit de celui qui s’applique à la connaître. Il étudie une langue, il entre dans l’esprit d’un peuple. La pensée et le langage se nourrissent ainsi de nouvelles images, de nouvelles nuances.
Baudelaire se retrouvait dans la lecture des poèmes d’Edgar Poe. Il se laissait imprégner par sa pensée. Tout en traduisant, il explorait le sens des mots et des expressions dans une langue autre que la sienne, enrichissant sa propre manière de penser et d’écrire. Les écrits de Baudelaire par la suite se ressentent de cette influence. On pourrait presque parler de traduction par connivence.
Dans le processus de traduction, ce phénomène est indispensable. Le traducteur doit connaître le texte à traduire jusqu’à ce qu’il puisse le faire sien, se l’approprier entièrement. Une certaine communion d’esprit est nécessaire, du moins en traduction littéraire, pour retranscrire le texte dans une autre langue sans trahir la pensée de l’auteur.